La pollinisation : comment ça marche ?

La pollinisation correspond, chez les plantes à fleur, au transport du pollen des organes de reproduction mâle vers le organes de reproduction femelle pour permettre la reproduction sexuée. La pollinisation est une étape préalable à la fécondation dans le cycle de vie de ces plantes, elle permet d’obtenir les fruits sur les arbres et arbustes.

Il existe différentes variétés de pollinisateurs : des abeilles (celles qui sont dites « sauvages » et celles qui sont dites « domestiques » et qui font du miel dans les ruchers), des papillons, des oiseaux, certains mammifères comme les petits rongeurs, et d’autres éléments de la nature comme l’eau, pour les plantes poussant dans les cours d’eau ou le vent qui participe à la pollinisation de10% des plantes.

Rien que dans l’Union européenne, environ 84 % des espèces cultivées et 78 % des espèces de fleurs sauvages découlent au moins en partie de la pollinisation animale. On estime que 15 milliards d’euros de la production agricole annuelle de l’UE peuvent être directement attribués aux insectes pollinisateurs. Les abeilles dites « domestiques » (celles qui font le miel) n’assureraient que 15 % de la pollinisation. Ainsi, les abeilles sauvages garantiraient le rendement de près de 75 % des cultures agricoles (dont 90 % des arbres fruitiers), le reste par les autres insectes.

Sans pollinisation, la plante ne peut féconder sa fleur et donc ne peut produire le fruit ou le légume qui participe à notre alimentation. La pollinisation est donc essentielle à notre survie.

Qui sont les insectes pollinisateurs , en dehors de l’abeille dite « domestique » ?

Les « abeilles sauvages » (tisserandes, charpentières, halictes, mégachiles, collètes, etc.) et autres pollinisateurs englobent près de 1.000 espèces en
France, dont des espèces de bourdons solitaires, de papillons nocturnes ou encore des mouches syrphes. Au total, on en recense près de 20.000 espèces
dans le monde. Contrairement aux abeilles dites « domestiques », les pollinisateurs sauvages ne font pas de miel (le nectar butiné est uniquement mélangé avec le pollen, pour en faire de la nourriture pour les jeunes ) et ne représentent donc pas un intérêt économique majeur évident ou immédiat.

Pourtant, ils assurent un rôle de premier plan pour notre écosystème.
Il faut également  prendre conscience que la plupart des abeilles dites «sauvages » nichent dans le sol (elles sont dites terricoles et représentent environ 75% des espèces) : elles ont donc besoin de larges surfaces de sol non imperméabilisées par du béton ou un tassement trop important.
Malgré cela, depuis plusieurs années, on enregistre sur l’ensemble des continents un déclin de tous les pollinisateurs.(Dès le milieu des années 80, les apiculteurs ont été les premiers à faire état de ce déclin des pollinisateurs en observant une recrudescence significative des mortalités de leurs colonies)

 Le battage tant politique que médiatique orchestré à l’échelle mondiale en faveur des pollinisateurs n’a pas permis d’enrayer leur déclin. En 2016, l’IPBES conclut qu’ils « sont de plus en plus menacés par les activités humaines, y compris par le changement climatique, avec des diminutions observées dans l’abondance et la biodiversité. De son côté, la Cour des comptes européenne adresse, en 2020, une critique cinglante de l’efficacité des mesures engagées par l’exécutif européen en faveur de la protection des pollinisateurs sauvages. Non seulement la situation ne s’est pas améliorée mais la pollinisation par les insectes est « l’un des services rendus par les écosystèmes qui s’est le plus dégradé en Europe » précise-t-elle. Le compte rendu met en cause en particulier « la conversion à l’agriculture intensive, ainsi que l’utilisation de pesticides et d’engrais ». Que reste-t-il de ce projet de
rapprochement entre agriculture et environnement censé faire face au déclin des pollinisateurs ? Si la cause des abeilles et des pollinisateurs semble
partagée par de nombreux acteurs publics et privés, elle n’en est pas moins porteuse de tensions et de divergences récurrentes entre certains
représentants du monde agricole et des acteurs impliqués dans la protection de l’environnement qui ne parlent ni le même langage, ni des mêmes
pollinisateurs.

Notre syndicat, observe des voix qui cherchent à opposer les pollinisateurs dits « domestiques » (et donc les apiculteurs) aux pollinisateurs
dits « sauvages ». Ces prises de positions nous semblent partisanes. Oui, le fait de concentrer sur une parcelle un nombre important de ruches, en particulier lors de transhumances, entraine un appauvrissement ponctuel et localisé des ressources pour les espèces sauvages, et oui, il nous semble important de mettre en place une charte écoresponsable permettant de limiter le nombre de ruches sur une surface donnée, (pour mettre en adéquation les ruchers et la ressource) mais soyons clair, les vraies raisons du déclin de tous les pollinisateurs sont connues et partagées :

· L’utilisation massive d’insecticides tels que les néonicotinoïdes (après maintes années de combats syndicaux, ils sont retirés du marché sur la très grande majorité de leurs usages en europe),

· L’agriculture intensives avec des surfaces trop importantes en
monocultures,

· La réduction des habitats naturels des insectes (bosquets, villes
bétonnées, …),

· la coupe des herbes en bord de routes en pleine saison de
pollinisation,

· les évolutions du climat dues aux activités humaines

Depuis plusieurs décennies, les politiques publiques ont échouées à mettre en place des projets permettant de garantir la protection des pollinisateurs
ou de la biodiversité. Les plans d’actions se succèdent sans apporter de résultats. Pour l’heure, force est de constater qu’à l’échelle des
politiques publiques, c’est le recours aux technosciences qui semble être privilégié au détriment d’une approche pragmatique et écologique. Plutôt que
de prendre soin des habitats des pollinisateurs domestiques et sauvages, on cherche à les remplacer par des pollinisateurs artificiels (drones,
pollinisation humaine , pulvérisation de pollen), servant le projet d’une croissance verte, plus que jamais « contre nature »

Pour favoriser un retour à l’équilibre, les mesures de bon sens doivent être mis en application pour préserver et respecter tous ces pollinisateurs qui nous permettent de subvenir à nos besoins alimentaires.

Parmi les actions non développées par l’état mais cherchant à lutter contre ce déclin catastrophique, le site https://www.pollinis.org/ propose une approche s’appuyant sur plus de 10 ans d’études et sur le constat des scientifiques : partout dans le monde, les insectes – indispensables aux écosystèmes, à l’agriculture et à la sécurité alimentaire – sont en train de disparaître à un rythme effarant.

POLLINIS est une ONG indépendante qui agit pour stopper l’extinction des abeilles et autres insectes pollinisateurs dont dépend l’ensemble de la
biodiversité. Financée exclusivement par les dons des citoyens, l’association fait pression sur les pouvoirs publics pour les obliger à restaurer d’urgence un environnement favorable à tous les arthropodes et contribue elle-même à cette restauration grâce à des projets de terrain. Cet objectif incontournable pour réussir à sauver le vivant et l’environnement pour les générations à venir, inclut nécessairement le passage à un modèle agricole bien différent de celui existant, notamment sans pesticides et autres intrants chimiques de synthèse qui contaminent l’ensemble des milieux.